SPEEDTALK
Les automobilistes arrêtés pour excès de vitesse faces aux conséquences d’une vitesse excessive.
Une vitesse excessive est encore et toujours la première cause de décès sur nos routes. En 2016, la vitesse a coûté la vie à 215 personnes. Des contrôles de vitesse plus fréquents devraient inciter les conducteurs à lever le pied, mais cela ne suffit pas. C’est la raison pour laquelle l’association des Parents d’Enfants Victimes de la Route (PEVR) a organisé en septembre une action spéciale nommée Speedtalk. Les conducteurs au pied lourd interceptés par la Police Fédérale de la route ont, en plus de leur amende, eu l’occasion de discuter avec un parent ayant perdu un enfant suite à un accident causé par une vitesse excessive. Le résultat de l’action a été immortalisé dans une vidéo marquante, qui sensibilisera chaque conducteur quant aux conséquences d’une conduite trop nerveuse.
Speedtalk : un entretien déstabilisant
Le concept est simple : lors d’une série de contrôles de vitesse opérés par la Police Fédérale de la route, des contrevenants sont invités à se ranger sur le côté de la chaussée. Une fois le procès-verbal établi, on leur demande s’ils acceptent de monter dans une voiture afin de discuter avec un parent ayant perdu un enfant dans un accident causé par une vitesse excessive. Ils peuvent expliquer au parent à quelle vitesse ils roulaient et surtout, pourquoi… « J’étais pressé », « Je n’y faisais pas attention », « J’avais faim et je voulais vite rentrer ». Aucun ne ressent alors de réel sentiment de culpabilité.
Jusqu’à ce que le parent raconte que son enfant a perdu la vie lors d’un accident causé par une vitesse excessive. Certains chauffards changent alors instantanément de couleur. D’autres se retrouvent avec une grosse boule dans la gorge. Une jeune maman ne peut pas retenir ses larmes en pensant à sa petite fille de 1 an. Les excuses du début de la conversation font alors place à un moment d’introspection. « On se rend compte que cela n’arrive pas qu’aux autres », « J’ai déconné de rouler trop vite », « C’est quand on entend des choses comme ça qu’on réalise qu’il faut faire attention sur la route ».
Collaborer pour sensibiliser
L’action est une collaboration entre les Parents d’Enfants Victimes de la Route et la Police Fédérale de la route, qui lancent ensemble un appel pour inciter les conducteurs à ne pas rouler trop vite. « Les Parents d’Enfants Victimes de la Route et la Police Fédérale de la route ont le même objectif : rendre les routes plus sûres. » explique Koen Ricour, directeur de la Police Fédérale de la route.
Une amende est parfois vite payée. Une conversation avec un parent qui a perdu son enfant lors d’un accident de la route par contre… C’est le genre de choses que l’on n’oublie pas.
C’est la raison pour laquelle la police et les Parents d’Enfants Victimes de la Route ont décidé de travailler main dans la main.
« Avec cette campagne, nous espérons sensibiliser un maximum de personnes aux dangers de la vitesse sur la route. Et de cette manière, réduire le nombre de victimes de la route. Nous ne souhaitons à personne de connaître ce que les parents dans notre organisation ont connu » poursuit Koen Van Wonterghem, administrateur délégué des Parents d’Enfants Victimes de la Route.
Des parents courageux
Au total, 4 parents ayant perdu un enfant ont contribué à la campagne, à différents endroits du pays. Ils ont raconté des dizaines de fois leur histoires à différents conducteurs au pied lourd. « Notre but n’est certainement pas de montrer les gens du doigt. Non, nous voulons leur faire prendre conscience des conséquences possibles d’une vitesse excessive. Nous, nous les connaissons » explique Michelle Moreau, dont le fils a été heurté par quelqu’un qui roulait trop vite, tout prêt de l’endroit du contrôle de vitesse.
Viviane Boulanger a perdu son fils Nathan il y a 3 ans, lors d’un accident causé par un excès de vitesse sur le ring d’Anvers. « Chaque fois que je raconte mon histoire, ça me fait mal. Mais participer à une action comme Speedtalk est pour moi une manière de veiller à ce que d’autres ne vivent pas la même chose que moi. Je ne peux pas faire revenir mon fils, mais je peux demander à tout le monde de rouler moins vite. »
À quelques exceptions près, tous les conducteurs ont réagi de manière très positive après l’entretien. « Nous sommes heureux que tant d’entre eux nous aient donné l’autorisation d’utiliser leur image dans notre vidéo » explique Jan Vandevelde, qui a perdu sa fille Laetitia dans un accident de la route.
« Nous avons montré aux conducteurs quelles pouvaient être les conséquences d’une vitesse excessive. Espérons que chacun d’entre eux, ainsi que toutes les autres personnes qui verront la vidéo, décident désormais de lever le pied sur la route. Si cette campagne ne parvenait à sauver qu’une seule vie, ce serait déjà fantastique » conclut Bertrand Jardon, le papa de Maxime, lui aussi décédé dans un accident causé par un excès de vitesse.
La vitesse, encore et toujours la cause numéro 1
Avec l’alcool et l’usage du GSM au volant, une vitesse inadaptée ou excessive reste encore et toujours l’une des causes principales de mortalité sur la route. Elle joue un rôle décisif dans 1 accident mortel sur 3. L’année passée, elle a coûté la vie à 215 personnes en Belgique, pour être précis.
Une diminution de la vitesse moyenne de 5 km/h réduirait le nombre de tués sur la route de quelque 25% (IBSR 2012).
La vitesse a également une influence directe sur la sécurité des usagers de la route plus vulnérables. Un choc avec un véhicule qui roule à 80 km/h coûte la vie à 9 piétons sur 10 (Source IBSR).
Parallèlement, la vitesse diminue les capacités de tous les conducteurs, même les meilleurs. Plus on roule vite, plus le champ de vision est réduit. Un automobiliste qui roule à du 130 km/h a un champ de vision de seulement 30 degrés – le redoutable « effet tunnel » –, ce qui lui permet d’estimer beaucoup moins de dangers potentiels. (OECD, 2006)
Nouveau marathon radar le 11 octobre
Pour que les conducteurs gardent un œil sur leur vitesse, la police annonce aussi un nouveau marathon radar. Celui-ci aura lieu le mercredi 11 octobre dans tout le pays. De nombreuses zones de police et la Police Fédérale de la route livreront ce jour-là un effort particulier pour inciter les conducteurs à adapter leur vitesse.